Questions écrites

Monsieur le Ministre,

Le 27 mai 2020, Mesdames Sarah Schlitz et Tinne Van der Straeten, à ce moment-là députées, déposaient une proposition de loi modifiant la loi du 24 janvier 1977 relative à la protection de la santé des consommateurs en ce qui concerne les denrées alimentaires et les autres produits, visant à interdire la publicité pour les véhicules les plus polluants et les plus lourds1. Cette proposition vise notamment à limiter la publicité pour les véhicules les plus néfastes et à tendre vers un parc automobile moins polluant.

La loi française n°2021-1104 du 22 août 2021 « portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets », qui répond, en partie, aux attentes de la Convention citoyenne pour le Climat, interdit la publicité pour les énergies fossiles en France dès le second semestre 20222. Elle interdit également, dès 2028, la publicité pour les véhicules les plus polluants, deux ans avant la fin de l’interdiction de leur mise en vente3.

Le Parlement européen a d’ailleurs voté ce mercredi 9 juin 2022 la fin de la vente des voitures thermiques neuves d’ici 2035 au profit des véhicules 100 % électriques. Ce vote fut confirmé par le Conseil des ministres européens chargés de l’environnement et s’inscrit dans le plan climat de l’Union européenne. Cette mesure doit permettre de réguler les émissions de CO2 et ainsi atteindre les objectifs climatiques européens, dont la neutralité carbone à l’horizon 2050.

Ainsi, en vue de cet agenda politique, il est pertinent de se positionner sur la promotion des véhicules lourds et polluants. Il est en effet essentiel, pour maximiser ces politiques climatiques, d’encourager un maximum d’usagers à ne pas rester captifs de véhicules polluants, à tout le moins avant 2035, au mieux, au plus vite.

Madame la Ministre Khattabi s’est d’ailleurs dite favorable à l’interdiction de la publicité pour les voitures thermiques et être occupée à travailler sur cette interdiction4.

Compte tenu de vos compétences, envisagez-vous de travailler sur le sujet de l’interdiction de la publicité pour les véhicules lourds et polluants en collaboration avec Madame la Ministre Khattabi ?

Dans l’affirmative, pourriez-vous me faire part de votre calendrier de travail sur le sujet ?

1Document parlementaire n°55K1299.

2Article 7 de la loi créant l’article L. 229-61. du Code de l’environnement.

3Article 7 de la loi créant l’article L. 229-62. du Code de l’environnement.

4En réponse à la question de Madame la députée Hanus sur la promotion de la mobilité douce ou partagée dans les publicités pour voitures. CRIV, 55 COM 733.

 

Réponses du Ministre

En premier lieu, je renvoie à l’interdiction de pratiques commerciales déloyales. La directive 2005/29/CE relative aux pratiques commerciales déloyales des entreprises vis-à-vis des consommateurs dans le marché intérieur qui instaure cette interdiction contient aussi une liste de pratiques commerciales absolument interdites. Cette directive recourt au principe d’harmonisation maximale, ce qui implique qu’un État membre ne peut pas prendre de mesures allant au-delà des mesures prévues par la directive. Autrement dit, « la publicité pour les véhicules les plus polluants » ne peut pas être reprise dans la liste des pratiques commerciales interdites.

La directive mentionnée sur les pratiques commerciales déloyales est une lex generalis et s’applique seulement lorsqu’aucune législation spécifique européenne n’est disponible. Par conséquent, il est possible qu’une législation spécifique permette de prendre des mesures telles qu’une interdiction de publicité sous l’angle de la « protection de l’environnement ». C’est d’ailleurs sous cet angle-là que les autorités françaises ont adopté la loi à laquelle il est fait référence dans la question.

Je vous renvoie par conséquent à la ministre compétente en matière d’environnement, Madame la Ministre Zakia Khattabi, pour plus d’explications sur l’existence d’une législation européenne à cet égard et, le cas échéant, sur les limites dans lesquelles les États membres peuvent encore prendre des mesures, comme une éventuelle interdiction de la publicité pour les véhicules les plus polluants.